Les prairies

Les prairies représentent un tiers de la surface totale de la réserve (41 ha). Ici, elles sont volontairement gérées pour maintenir ce niveau bas de végétation qui les caractérise. En effet, les prairies sont des milieux très intéressants pour le développement d’une flore et d’une faune diversifiées. Sur la réserve, nous rencontrons deux principaux types de prairies : les prairies dites humides et celles dites mésophiles (conditions moyennes d’humidité et de richesse du sol).

Les prairies humides se développent dans la partie centrale du Grand Loc’h. Le sol est constitué de sédiments marins qui ne sont plus alimentés en sel du fait de la poldérisation. Ces conditions permettent aux espèces dites subhalophiles (tolérant une faible quantité de sel) de s’y développer. Ici, ces prairies sont qualifiées d’ »hygrophiles subhalophiles » du fait de ces conditions particulières de développement. Ces végétations sont assez rares en Bretagne et présumées en régression. Elle peut constituer un habitat de reproduction pour certains amphibiens ou des odonates lorsque l’inondation se prolonge jusqu’à la fin du printemps. De 2000 à 2018, la gestion de ces prairies s’est faite par le biais d’un pâturage extensif par des poneys New Forest et des bœufs Nantais. Aujourd’hui, l’incertitude de l’évolution des niveaux de la nappe d’eau, liée au projet de reconnexion à la mer de la Saudraye, a conduit le gestionnaire à se séparer des animaux et à enlever les linéaires de clôtures. Désormais, nous collaborons avec les agriculteurs locaux pour maintenir un minimum de gestion de ces prairies. En effet, ces derniers effectue une voir deux fauches annuelles, permettant de maintenir ces milieux au stade prairial.

Les prairies mésophiles se rencontrent sur les versants hauts en pourtour du Grand Loc’h. La végétation y est dense et dominée par les graminées. Elles sont riches en fleurs et permettent le développement d’un riche cortège d’invertébrés. En Bretagne, comme ailleurs en France, de nombreuses prairies ont disparu du fait de la mise en culture, de l’ensemencement ou bien encore de l’extension de l’urbanisation. C’est pourquoi ce milieu est en régression aujourd’hui et est d’intérêt patrimonial. A l’image des prairies humides du Grand Loc’h, nous travaillons avec les agriculteurs locaux pour la gestion par fauche de ces milieux.

Les roselières et cariçaies

Les roselières et cariçaies constituent environ 20 % des végétations de la réserve. Ici, ce sont des végétations dominées par des espèces comme le Scirpe maritime, le Roseau commun, la Glycérie aquatique et le Carex paniculé. Ces espèces très compétitives ne laissent que peu de place à d’autres et forment ainsi des groupements peu diversifiés, denses, s’élevant entre 0,75 et 2,5 m. Ces milieux se développent sur des sols humides. Ce sont ces conditions d’humidités (durée d’inondation, salinité, etc.) qui vont conditionner le développement de telle ou telle espèce dominatrice. Sur le Petit Loc’h, nous retrouvons ainsi des roselières subhalophiles à Roseau commun ainsi qu’à Scirpe maritime dans la partie centrale du Grand Loc’h. En périphérie ou dans les vallées de la Saudraye et du Précar se développent plutôt des roselières d’eau douce à Roseau commun ou bien à Glycérie aquatique. Notons que le Roseau commun a la faculté de se développer sur des milieux doux et salés. Bien que d’une faible diversité végétale, ces roselières jouent un rôle important dans la mosaïque de milieux et peuvent héberger une faune spécialisée (araignées, avifaune paludicole).

La lagune

Un des principaux milieux qui composent le Petit Loc’h est la lagune. Ce terme recouvre des situations écologiques très diverses, liées à la variabilité des apports d’eau salée et d’eau douce. Celle du Petit Loc’h connait une fluctuation saisonnière marquée du niveau d’eau . En effet, aujourd’hui, les clapets à marées installés dans l’ouvrage sur la plage du Loc’h permet l’évacuation des eaux de la Saudraye tout en bloquant les intrusions marines. Ainsi, le niveau de l’eau évolue au rythme de celui de la Saudraye, haut en hiver et bas en été. La lagune du Petit Loc’h n’échappe pas à la règle, elle n’abrite qu’un faible nombre d’espèce mais ces dernières correspondent à des nombreux ensembles faunistiques. Elles sont généralement très abondantes quantitativement et largement utilisés par les maillons supérieurs de l’écosystème. Pour les poissons, les lagunes constituent des aires de nourrissage, avec colonisation saisonnière d’alevins et de juvéniles, en dehors des populations résidentes. Pour les oiseaux, ce sont des sites exceptionnels en tant qu’étapes migratoires ou zones de nidification.

Les études de la lagune du Petit Loc’h montrent l’abondance très marquée de trois espèces vivant dans le sédiment (faune dite « benthique » : annélides oligochètes, larves de chironome, amphipode du genre Corophium). D’un point de vue des poissons, la lagune abrite des espèces résidentes telles que des rotengles, gardons, épinoches et carpes communes. Elle accueille aussi des juvéniles d’espèces marines telles que le bar, le mulet porc et dorée, l’athérine, le gobie, le flet qui viennent grossir avant de repartir en mer se reproduire. Ce milieu sert également de corridor pour l’anguille qui vient coloniser les bassins versants à un stade de développement très jeune (civelle) puis pour repartir en mer des Sargasses quelques années après pour la reproduction et la mort.  En période de migration des oiseaux, la lagune accueille des espèces d’anatidés comme le canard colvert et la sarcelle d’hiver ou encore des espèces de limicoles comme le vanneau huppé, le courlis cendré, le chevalier culblanc et guignette. En période de reproduction, des espèces comme le grèbe huppé, le tadorne de Belon, la foulque macroule ou encore le râle d’eau utilise les berges ou les micros-îlots pour construire leur nid.